Maison de la géographie de Montréal  
     
 

Hommage à une pionnière du journalisme scientifique en Afrique noire :
Victoria Nganyira Mukantagara (1940-2010)

 
     
  Par Édith Mukakayumba et Jules Lamarre  
     
  Victoria Nganyira Mukantagara  
 
Source de la photo : ORINFOR
 
 


Montréal, 2 août 2010. La nouvelle du décès de Victoria Nganyira Mukantagara nous a plongés dans une profonde tristesse.

Bien des gens connaissaient et ont été marqués par cette femme d’exception. Nous avons eu la chance de la rencontrer lors de sa première visite au Québec (Canada), laquelle aura été, hélas, sa dernière. C’était en décembre 2007, au cours du réveillon de Noël à l’île Bizard (en banlieue de Montréal), chez sa fille Marie-Clémentine, son gendre Gérard et leurs enfants : Joshua, Myriam et Noah. Ce soir-là, nous étions privilégiés de pouvoir discuter avec la journaliste qui, sans le savoir, et sans en avoir l’air, était devenue une figure de proue du journalisme scientifique au Rwanda et en Afrique. Nous avions été particulièrement touchés par la simplicité de cette Grande Dame qui a inspiré plusieurs générations de jeunes et de moins jeunes, notamment par son émission Wari uzi ko [le savais-tu... ], diffusée tous les matins sur les ondes de Radio Rwanda. Sa reconnaissance, elle la doit, comme plusieurs personnes de son gabarit, à son originalité et sa passion du métier.

Peu de gens d’ici sont en mesure de réaliser que dans un minuscule pays d’Afrique, le Rwanda, Victoria Nganyira Mukantagara avait la stature d’un Yanick Villedieu ou bien d’un Charles Tisseyre. Au cours des dernières années, elle avait animé deux autres émissions de Radio Rwanda : Bana tuganire [Enfants parlons ensemble] et Jya mbere mwari w’urwanda [Va de l’avant jeune fille rwandaise]. Son travail de vulgarisatrice en kinyarwanda permettait de rejoindre un large public de personnes de diverses origines et conditions sociales.

Dans la vie privée, Victoria Nganyira Mukantagara était connue, surtout, pour sa grande piété et ses qualités de chrétienne digne de ce qualificatif. D’après Marie-Clémentine, et Immaculée, son autre fille qui habite à Montréal, le plus bel héritage légué par Mama Victoria, pour laquelle elles ont une admiration sans bornes, est celui de l’amour de Dieu.

Mardi, 2 août 2010. Victoria Nganyira Mukantagara nous a quittés prématurément. Que retiendra l’histoire de cette pionnière du journalisme scientifique en Afrique? Puissions-nous espérer qu’on se rappelle d’elle comme d’une Thérèse Casgrain ou d’une Françoise Giroux!

Si l’on se souvient avec Ahmadou Hampate Ba qu’« en Afrique, un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle », il est évident que la perte, pour le Rwanda et pour l’Afrique, d’une femme de la trempe de Victoria Nganyira Mukantagara laissera un vide immense. Souhaitons à sa fille Louise Nganyira, journaliste à Radio Rwanda, d’être assez forte et assez brave pour porter à son tour le flambeau allumé par la maman, et rendons hommage à cette autre Nyamhinga [femme sans frontière] partie trop tôt, mais qui demeurera un exemple de courage et de détermination pour des générations.

Qu’elle repose en paix.

 
     
  Montréal, le 6 août 2010